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SUR LE SPATIAL ET LE PREMIER PAS Il y a maintenant un demi-siècle les premiers hommes foulent la surface poussiéreuse de la Lune. Cet évènement rentre maintenant dans l’histoire. Celle d’une compétition de grandes puissances, les USA et l’URSS qui ont joué le jeu d’un affrontement non armé, une première dans l’histoire des grands conflits et la marque d’un changement de monde. Cet évènement nous rappelle qu’il a fallu, au-delà des budgets et des talents, une vision politique et un moteur à la compétition, associé à un soutien sans faille de l’ensemble de la population américaine.
« CONQUETE » DE LA LUNE CHRONOLOGIE
SUR LE VAISSEAU APOLLO et SATURNE V
- Ier étage Kérosène + oxygène – Autres étages Hydrogène + oxygène - Problématique 100T carburant pour 10T hors orbite Terrestre.
L’étage de descente sert exclusivement à se poser et reste sur la Lune et l'étage de remontée. Au départ de la fusée Saturne le LEM, désaccouplé, est stocké sous le module de service et son moteur principal, configuration qui nécessitera lors du transfert vers la Lune l’opération d’amarrage du LEM au module de commande
SUR LE PROGRAMME APOLLO
Lancé le 21 décembre 1968 cette mission est parvenue à effectuer 10 orbites lunaires avec les astronautes Frank Borman, James Lovell et William Anders.
6 vols – 12 hommes sur la Lune – (6 en orbite ) . Voir en Annexe les différents sites d’alunissage
Près de 400 000 personnes ont contribué au programme L’investissement financier représentait 150Ma$ actuels
Durant la phase de descente, l'équipage est gêné par une alarme émise par l'ordinateur de bord pouvant amener à l'annulation de la mission. Le jeune Steve Bales, l'un des programmeurs de l'ordinateur de bord, présent dans le centre de contrôle Houston, détermine que l'alarme correspond à une saturation des capacités de l'ordinateur qui peut être ignorée. Le problème sera corrigé pour les missions suivantes. Steve Bales sera reçu à la Maison-Blanche par le président Nixon et remercié d'avoir ainsi sauvé la mission. Accaparé par ces alarmes, Armstrong laisse passer le moment où, selon la procédure, il aurait dû exécuter une dernière manœuvre de correction de trajectoire. Le LEM dépasse de 7 km le site sélectionné pour l'atterrissage et s'approche d'une zone encombrée de rochers. Armstrong prend le contrôle manuel du module lunaire pour survoler à l'horizontale le terrain à la recherche d'un site adapté à l'atterrissage. A Houston on est inquiet de la durée anormalement longue de l'atterrissage, et l'abandon de la mission est de nouveau envisagé. Armstrong fait avancer le LEM en rasant le sol dans la direction de sa fenêtre afin d'avoir le nuage derrière lui et de garder de la visibilité, pendant qu'Aldrin indique l'altitude, la vitesse horizontale et les secondes de carburant restant.
Cet incident permet d’évoquer la performance de Margaret Heafield Hamilton, née en 1936, qui est informaticienne, ingénieure système, directrice du département génie logiciel au sein du MIT Instrumentation en 1969. Département qui conçut le système embarqué d’aide au pilotage du programme spatial Apollo. (Plus tard en 1986, elle fondera la société Hamilton Technologies, Inc. à partir de ses travaux entrepris au MIT). La qualité des programmes développés sous la supervision d'Hamilton ont joué un rôle crucial au cours de la mission Apollo 11 en évitant une interruption de l'atterrissage du module lunaire sur la Lune. Trois minutes avant que le module lunaire n’atteigne la surface de la Lune, des alarmes signalent donc que l'ordinateur AGC est saturé. L'enquête effectuée par la suite révélera que la surcharge de l'ordinateur était due à l'envoi à l'ordinateur de signaux par le radar d’altitude à fréquence très rapprochée. Procédure maintenue à tort dans les instructions de vol. Mais grâce à l'architecture du système d'exploitation attribuant des priorités aux programmes, l'ordinateur réussit à mener sa mission principale consistant à assister le pilote du module.
Le logiciel utilisait des exécutions asynchrones de telle manière que les tâches ayant la plus haute priorité (essentielles à l'atterrissage) puissent interrompre des tâches moins prioritaires. Ces ressources préfiguraient les futurs systèmes multitâches ( 6 tâches en parallèle à l’époque) fonctionnant en temps réel à partir de procédures d’interruptions informatiques hiérarchisées. Ce type d’ordinateur (AGC) équipait le CSM et le LEM et disposait d’une puissance équivalente à celle d'une calculatrice bas de gamme des années 2000 : Il disposait de 72Ko de ROM et 4Ko de RAM. Ces ordinateurs (cadencés à 85Khz) étaient les premiers à utiliser des circuits intégrés assez sommaires mais en grand nombre (plusieurs milliers) qui comportaient quelques transistors chacun, formant une ou deux portes logiques NON-OU à 3 entrées. (poids 32kg) Cela laisse rêveur quand on sait que les microprocesseurs multi corps ( car au taquet des finesses physiques de gravure) des unités centrales actuelles de nos portables intègrent sur une puce plus de 2 ou 3 milliards de transistors cadencés par des horloges internes approchant les 5 GHz.
Si les traces laissées par Armstrong lors de son exploration de Little West Crater (60m du LEM) sont toujours visibles, l'empreinte de son premier pas sur la Lune est très probablement effacée. Celle-ci se trouvait au bas de l'échelle du module lunaire et elle n'a probablement pas résisté au puissant souffle du moteur de remontée lors du départ des astronautes. À noter que cette empreinte n'a jamais été photographiée. Le premier pas d'Armstrong s'est effectué à l'ombre du LM et l'image, très connue d’une empreinte, souvent prise pour le pas d'Armstrong sur la Lune, montre en réalité un des pas laissés et photographié par Aldrin lui-même.
Si la caméra (à 20m du LEM) qui a filmé les exploits d'Armstrong et d'Aldrin est toujours en place sur son pied car éloigné du LEM, le drapeau américain planté par les deux hommes n'est plus debout. Il se situait à mi-chemin entre la caméra et le module lunaire. Il a été arraché par le souffle du décollage. Buzz Aldrin a dit l'avoir vu s'envoler à cet instant précis.
Les images récentes de de la sonde LRO montre que sur la Lune, les traces laissées par les astronautes d'Apollo 11 demeureront encore très longtemps. À moins qu'une météorite ne vienne les effacer d'un coup (les probabilités sont faibles), elles devraient rester encore pendant des siècles.
Après l’accident d’Apollo 1, de très nombreux incidents mineurs ou d’autres plus graves émaillèrent ce programme dont le bilan reste remarquablement positif.
Lors de la mise en orbite autour de la Lune, puis la descente vers la Lune plusieurs incidents ont failli provoquer l’annulation de la mission : d’abord un processus d’annulation automatique se déclenche, qu’Houston mettra 40mn à invalider, puis le radar de descente du LEM en approche disparait qu’une coupure et remise en tension in extrémis permettra de réinitialiser.
Enfin au retour, un des trois parachutes, lors de la descente vers le sol terrestre, se met en torche sans dommage finalement pour l’équipage.
Après la mission Apollo 11, Neil Armstrong a passé son temps à fuir la notoriété. Sollicité par de très nombreuses universités pour être nommé docteur honoris causa, il n'en a accepté que très peu. Auréolé de son succès, l’astronaute aurait pu en tirer le maximum de profit. D’autres que lui ne s’en sont pas privés. Peu après Apollo 11, il annonce son retrait des vols spatiaux. Il a aussi souvent refusé de donner des autographes en raison du trafic auquel ils donnent lieu. Il combat également les usages non autorisés de son nom, de son image ou de ses citations. En 2005, il attaque son coiffeur qui a vendu des mèches de ses cheveux à un collectionneur pour 3.000 dollars. Armstrong le contraint à faire don de cette somme à une œuvre. CONTRIBUTION SOVIETIQUE A L’EXPLORATION LUNAIRE Malgré de nombreux échecs les soviétiques ont accumulé un nombre important de premières (plus de la moitié des 45 sondes lancées vers la Lune ont échoué)
IMPULSIONS DU PROGRAMME LUNAIRE – ORIGINE D’APPORTS SCIENTIFIQUES et TECHNIQUES Après avoir été un enjeu principalement idéologique (premier homme sur la Lune) pendant toute la période de la Guerre froide, la conquête spatiale est devenue aujourd’hui un enjeu économique, scientifique et militaire. En effet, l’essor de ce secteur permet aux différents pays de démontrer leur puissance technologique, de la développer au service de l’innovation et d’entretenir de fructueux échanges. On estime que ces technologies ont engendré après le programme Apollo de nombreuses d’innovations qui ont approfondi nos connaissances, changé notre quotidien et amélioré nos conditions de vie. 1. Dans le domaine scientifique Astrophysique et Astrochimie : Connaissances améliorées de l’univers (vitesse de l’Expansion, confirmation de l’existence des trous noirs…) et de sa composition grâce au télescope spatial Hubble et aux différentes sondes spatiales. 2. Dans le domaine des technologies Météorologie : Amélioration des prévisions météo et meilleure anticipation des catastrophes naturelles grâce à une couverture complète et en temps réel de l’observation satellite de la surface de la Terre Cartographie et GPS : optimisation des temps de transport par guidage et suivi en temps réel Télécommunication : chaines TV diffusées par satellite, téléphonie, internet par satellite… Sur un plan militaire, les satellites permettent à chaque pays de s’observer et d’assurer leur sécurité. Transports : airbag dont la première version fut conçue par les Soviétique, pour les sondes spatiales. Augmentation de la robustesse : matériaux composites, à base de fibre de verre ou de carbone que l’on retrouve aujourd’hui dans l’aéronautique, l’automobile, et la construction navale ou ferroviaire. Informatique et Internet : premiers langages informatiques, premiers ordinateurs avec circuits intégrés, réseaux Arpanet ancêtre d’internet… 3. Dans le domaine de la santé Imagerie médicale : Maladies mieux détectées avec l’IRM, dont l’origine remonte au programme Apollo. Initialement, les chercheurs de la NASA développaient un système pour mieux photographier la surface lunaire afin de préparer les futurs alunissages. Systèmes de soin : couverture de survie (au départ un film chargé de réfléchir les ondes radio sur le satellite Echo 1), pompe à insuline (issues du programme Viking), pompe d’assistance ventriculaire (utilisée dans les cœurs artificiels et dérivés des pompes à carburant utilisées pour les navettes), prothèses plus légères et plus résistantes issues des matériaux mis au point pour les fusées … 4. Dans l’environnement Réduction des dépenses énergétiques avec : – le développement des panneaux solaires chez les particuliers alors qu’ils ont été créés à l’origine pour fournir une source d’électricité durable aux satellites envoyés dans l’espace. – l’utilisation d’un aérogel dérivé de la navette spatiale comme isolants pour les habitations 5. Dans le domaine de l’alimentation La lyophilisation (déshydratation par le froid) des aliments dont le contrôle avant les vols a abouti à un système de règles appelé HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point, soit : analyse des risques et des points critiques). Ce système garantit l’hygiène de fabrication et la qualité des produits et représente aujourd’hui une référence mondiale pour les industries agroalimentaires. Dossier réalisé par Alain Gélis et Michel Reynard |
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Mise à jour le Mardi, 05 Juillet 2022 16:18 |